2 Février 2015
Vaste question s’il en est. À l’heure où des dizaines de salariés, responsables, agences, consultants, cabinets d’audit s’affairent à la rédaction des informations sociales, environnementales et des engagements sociétaux pour le rapport de gestion (article 225 du Code de commerce), tentons de répondre à la question qu'est-ce qu’un « bon » rapport RSE. Si cela n’a pas d’incidence immédiate sur la réalisation des rapports, déjà largement engagés, peut-être leurs évaluations pourront en être impactées… Cette réflexion s’inscrit dans une démarche que les Anglo-saxons définissent ainsi : « Bringing discipline to sustainability initiatives »…
Un bon rapport est… un rapport qui atteint ses objectifs ! C’est là que le sujet commence à se complexifier. Les objectifs sont-ils parfaitement, clairement définis ? Sont-ils évaluables ? Le seront-ils ? Prenons un exemple : le plus simple des objectifs est la conformité règlementaire dite « hard law ». Dans ce cas, l’attestation de présence et l’avis de sincérité par un organisme tiers indépendant confirmeront ou non l’atteinte de cet objectif basique. Bien qualifier les objectifs, les sous-objectifs est une condition sine qua non préalable à l’élaboration d’un rapport RSE.
La question devient alors : un bon rapport pour qui ? Un bon rapport pour quoi ? Ou pour quel objectif ? Si la définition de la partie RSE du rapport de gestion peut sembler simple - elle a une cible parfaitement identifiée, les actionnaires - il en va autrement pour les « autres rapports » RSE… Qui est la cible ? Ou quelles sont-elles ? Si tant est que cela soit possible en communication de viser plusieurs cibles… Quel effet sur les comportements l’entreprise souhaite-t-elle produire ?
Pour le rapport de gestion, en toute hypothèse, ce sont les actionnaires, cible du rapport de gestion, ou les investisseurs potentiels qui devraient s’exprimer ? C’est la que survient la seconde difficulté. Si la pratique de l’autoévaluation est souhaitable, dans une démarche autocritique ou d’amélioration continue, l’avis de la cible devrait être prépondérant. Ou la mesure de l’évolution de son comportement, si c’était l’effet recherché. La mesure suppose l’indépendance. Parler de son propre travail peut tourner à l’exercice d’autosatisfaction… Et les awards d’experts ne manquent pas… L’enquête de juin 2013 de l’ACCA (Association of Chartered Certified Accountants) montre l’ampleur du chemin à parcourir pour répondre aux attentes des investisseurs. Quelle que soit votre cible, c’est à elle d’exprimer sa satisfaction, le cas échéant.
Une communication, si elle est engagée avec rigueur, doit avoir un effet sur les perceptions et les comportements. Dans le cas de nos investisseurs, pour le rapport de gestion, qu’il soit en place (actionnaires) ou en observation et analyse (investisseurs potentiels), ils doivent être en situation de décider. Faisons un peu de GRI (Global Reporting Initiative) dans le texte… Dans un rapport, ce qui est significatif et ce qui est « susceptible d’affecter les décisions des parties prenantes » ou encore « influer sur les décisions économiques des personnes qui consultent les états financiers de l’organisation, notamment les investisseurs. » Le but d’une communication n’est-il pas d’influencer ? Quel est le comportement attendu par l’actionnaire, l’investisseur, l’écosystème financier (analyste, agence d’information, de notation, etc.) ?
Pour un actionnaire, cela veut dire ou pourrait vouloir dire « acheter, renforcer, conserver, alléger, vendre ». Donc un effet potentiel attendu sur la valorisation ou la volatilité.
Un rapport RSE, autre que le rapport de gestion, pourrait chercher à cibler le marché des compétences dans une logique d’attractivité. Une autre communication « RSE » pourrait s’adresser aux clients. Une troisième s’adresser aux parties prenantes locales, riverains et collectivités. Une quatrième les ONG, qui ont un besoin affirmé d’information et de transparence. Évaluer un « bon rapport » c’est mesurer les effets sur leurs perceptions ou sur leurs comportements auprès des cible choisies, définies.
Le rapport de gestion pour l’assemblée générale des actionnaires ou le rapport RSE pour une autre cible est la composante d’un tout. Un seul rapport publié ne saurait influer seul sur le comportement de cette cible… Et répondre à tous ses besoins d’informations ou de communication. Une évidence, mais qui mérite d’être rappelée… Dès lors, l’évaluation d’un « bon rapport » ne peut se faire sans une analyse globale des relations, des influences et des communications. Les informations RSE du rapport de gestion ou les autres rapports RSE ne sont qu’une partie de la communication CSR (Corporate Social Responsability), elle-même partie d’une communication corporate (entreprise, institution). Ou du marketing (marque, produit)…
Voilà, en pièce jointe à cet article, forcément synthétique et qui ne fait qu’introduire le sujet, vous trouverez une présentation PPT qui balaie l’ensemble des questions qui pourraient se poser. Qui devraient se poser… Mais principalement, un bon rapport, c’est un rapport qui a des objectifs clairs et précis, pour une cible parfaitement définie, avec une mesure rigoureuse et indépendante… Il est bien cet article non ? Vous voyez, ça, c’est de l’autosatisfaction… De l’autodérision en fait. C'est à vous de dire si cet article répond à votre attente sur ce sujet. Attente que cher lecteur je méconnais, faute de vous avoir consulté. Alors merci de ne point hésiter pour m'adresser un feedback.
© Philippe Cornet, 2 février 2015. Tous droits réservés. Toute reproduction intégrale ou partielle de cet article et des documents associés doit faire l'objet d'une autorisation préalable de l’auteur. Toute citation ou utilisation de données doit s'effectuer avec l'indication de la source.
Présentation : Qu'est-ce qu'un "bon" rapport RSE ?