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Performance Intégrée I Performance Extra-Financière I Management des risques et opportunités I ESG I RSE

Rapport de développement durable : changez vos plans ?

Rapport DD : quel est le bon plan ?

Rapport DD : quel est le bon plan ?

Alors que des centaines d’acteurs sont mobilisés autour du chapitre « informations sociales, environnementales et sociétales » des rapports de gestion ou de la création du rapport de développement durable, une réflexion sur la structure de ces rapports : le « sommaire » du rapport. Car l’organisation de l’information est porteuse de sens. L’essentiel sur les orientations possibles, leurs avantages et limites.

Le plan « compliance »

Le plan de type « hard law » ou de conformité règlementaire fait référence à l’article 225 du Code de commerce français. Les informations sociales, environnementales et sociétales dans le rapport de gestion pour l’assemblée générale. Cette loi sera très prochainement modifiée (avant le 6 décembre 2016) dans le cadre de la transposition de la directive européenne sur le reporting non financier.

  • Les avantages. Le plan le plus facile à mettre en œuvre. Et le plus aisé à faire vérifier par un organisme tiers indépendant.
  • Les limites. C’est le plus "faible" sur le plan éditorial ou sur le plan de la communication. Il ne raconte pas une histoire, point de storytelling…
Le plan « framework like »

C’est de « soft law » dont il s’agit. Dans ce domaine, la GRI (Global Reporting Initiative) s’est imposée comme le standard de reporting extrafinancier international. 1ère version en 2000, version G4, parue en mai 2013, le standard est d’une grande richesse et d’une grande maturité.

  • Les avantages. C’est un plan universel et très complet. La soft law répond à une exigence des entreprises multinationales : celle de disposer d’une norme unique quel que soit le pays.
  • Les limites. Suivi à la lettre, il est un peu « scolaire » et peu orienté vers la cible. Pas très "story telling"...
Le plan « value chain »

On surestime souvent la connaissance par le lecteur d’un secteur d’activité et au sein de ce secteur les spécificités des entreprises. La chaine de valeur peut être une clef de compréhension aisée pour des non-experts comme pour les experts.

  • Les avantages. Le lecteur peut s’approprier facilement le modèle d’affaires de l’entreprise. La linéarité de conception à vente est universelle ; les enjeux, plans d’action et objectifs et indicateurs peuvent être différenciés sur la chaine de valeur et hiérarchisés : facteur pertinent pour l’étape de la chaine de valeur, facteur pertinent pour l’ensemble de l’entreprise.
  • Les limites. Les étapes de la chaine de valeur peuvent avoir des poids (CA et Effectifs) forts différents, qu’il faut savoir représenter...
Le plan « activity based »

Certaines entreprises opèrent sur plusieurs secteurs d’activités très différents. Ce faisant les enjeux RSE, les politiques et plans d’action devraient différer pour chaque activité, ce indépendamment de l’exigence règlementaire de présenter une information consolidée… C’est par exemple le cas d’entreprises telles que Continental dans le secteur automobile (activité pneus, activités équipementier), du groupe Bolloré (Transport et logistique, énergie, stockage d’électricité et solutions, portefeuille de participations) ou encore d’Eurazeo (participations dans Accor, Asmodee, Desigual, Elis, Europcar, Foncia, etc.)

  • Les avantages. Il permet de restituer une réalité sectorielle, car les enjeux pertinents sont majoritairement sectoriels.
  • Les limites. Pour apprécier la performance de l’entreprise, il faut à la fois avoir une vision consolidée + une vision par activités, ce qui peut être conséquent et terme de volumétrie, sauf à avoir une vraie approche lean reporting © et utiliser à plein la matérialité et le "comply or explain"...
Le plan « stakeholder centric »

C’est un des éléments fondamentaux de la « RSE » : dialoguer avec les parties prenantes, comprendre et prendre en compte leurs attentes et intérêts légitimes et leur rendre compte. Cela suppose un dialogue réel, avec les parties prenantes représentatives et utiles au business model.

  • Les avantages. Se centrer sur l’attente des parties prenantes, s’adresser à elles spécifiquement, répondre à leurs attentes identifiées par les moyens de dialogues appropriés (enquêtes, panels, dialogue encadré juridiquement, etc.). Efficacité d’être « target centric ».
  • Les limites. La difficulté de traiter à la fois cibles (les parties prenantes) et les thèmes (environnement, etc.).
Le plan « geolocation »

L’impact des activités industrielles est majeur à l’échelle d’un territoire, avec une gestion des relations avec les parties prenantes fortement géolocalisée, tant avec les autorités qu’avec les fournisseurs, le marché du travail, etc.

  • Les avantages. Rendre en compte au niveau de granularité pertinent, à la bonne échelle géographique ; c’est un dérivé complémentaire de l’approche par parties prenantes. Pertinent à l’échelle du territoire, pour un nombre limité de sites d'activité.
  • Les limites. Potentiellement lourd pour les très grandes entreprises, voire irréaliste.
Le plan « management system »

Le pilotage de la « RSE » s’appuie sur les modèles de management existants, notamment le PDCA et le champ normatif. Il suppose de définir une stratégie, de planifier, puis de mesurer.

  • Les avantages : un caractère universel, structurant, tout est bon en PDCA !
  • Les limites : peut être limitant en termes de « story telling »
Le plan « corporate centric »

Les entreprises, en toutes hypothèses, font une analyse de leurs enjeux (Risques et opportunités, forces et faiblesses) sociaux, sociétaux et environnementaux. En découle des axes ou priorités, ainsi que des plans d’action avec, si possible des objectifs chiffrés...

  • Les avantages. Facile à mettre en œuvre, car reprenant les axes déclinés en interne.
  • Les limites. Le lecteur doit faire l’effort de comprendre les enjeux sous-tendus. Potentiellement formulé avec un vocabulaire « corporate », pas toujours accessible à un public externe. Ne dis pas forcément si les enjeux ont été parfaitement identifiés et quelle est leur matérialité… Le côté réducteur du « bottom <>up ».
Le plan « sustainability issues »

Si la conformité utilise la même structure (informations, environnementales, sociales et engagements sociétaux), le plan par enjeu présente le mérite de recentrer sur ce qui est important (il ne peut y avoir 1000 enjeux) et de contextualiser les plans d’actions et indicateurs par rapport aux enjeux qu’ils représentent. Il doit, en toutes hypothèses, permettre de présenter l’échelle de l’enjeu (de local à la planète), la temporalité de l’enjeu (de court terme à long terme), l’impact de l’enjeu (sur l’entreprise, sur les parties prenantes). Les enjeux environnementaux sont facilement accessibles/compréhensibles pour le public/lecteur (l’eau, les matières premières, etc.).

  • Les avantages. Un développé plus important sur le pourquoi, sur le contexte, sur le sens de l’action ; permets d’approfondir les risques et opportunités.
  • Les limites. Évoluant peu ; plus aisé sur les enjeux environnementaux que les enjeux sociaux.

 

Selon nos observations, un "mix" de ces différentes solutions est porteur de sens...Et parmi l'étendue de ces possibilités, quel que soit le choix, la compréhensibilité de l’information reste clef. Et l’évaluation incontournable. Vous communiquez : votre objectif a-t-il été atteint ?

Attention cependant, vos parties prenantes clés attendent avant tout un engagement dans l’action, tenant compte de leurs attentes et intérêts légitimes. Et ce faisant, une information « équilibrée ».

 

© Philippe Cornet | 27 janvier 2015, update le 15 octobre 2016 | Tous droits réservés | Toute reproduction intégrale ou partielle de cet article et des documents associés doit faire l'objet d'une autorisation préalable de l’auteur. Toute citation ou utilisation de données doit s'effectuer avec l'indication de la source.
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